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La quête du parfait.

On ne compte plus les restaurants qui inscrivent à leur carte « l’oeuf parfait », le nouveau tic de langage des toques. Cuit à basse température, autour de 65°C, l’oeuf parfait est plus tendre et plus onctueux qu’un oeuf dur, plus ferme qu’un oeuf mollet. Son blanc est tremblant et soyeux tandis que son jaune affiche un crémeux coulant. Argument de poids pour les restaurateurs, cette recette est très bon marché et s’accommode de nombreux ingrédients. La marge est assurée sans renoncer à la créativité. Pas si fréquent.

Ailleurs, c’est la promesse de réussir une « grillade parfaite » qui est faite à tous ceux qui se sont inscrits à la «Grill Academy » imaginée par les barbecues Weber. Deux niveaux sont proposés : Débutants ou Experts. C’est peu dire que la grillade, c’est du sérieux et ce ne sont pas les lecteurs de Beef qui viendront dire le contraire… Ceux qui ont l’habitude  de se balader sur les sites de mode seront forcément tombés sur des conseils en tous genres pour acquérir le pull, le Chino ou le sac 48h « parfaits »…

Il n’aura pas échappé aux observateurs les plus attentifs que cette réjouissante perspective d’accéder au « parfait » s’adresse majoritairement aux hommes. Cela ne doit rien au hasard. Tout d’abord, parce que les hommes ont souvent un regard d’ingénieur sur ce qui leur est proposé. Comment est ce fabriqué ? Dans quelles conditions ? Avec quel type de machine ? Peut-on encore améliorer les performances ? Le parfait vient mettre fin à toutes ces interrogations. Ensuite, parce que, pour les hommes, consommer est un acte souvent perçu comme « pas vraiment indispensable », synonyme d’accumulation inutile, de questionnements futiles, voire de perte de temps. Leur faire miroiter la perspective du « parfait » est une manière d’induire que ce qu’ils vont acheter a du sens et mérite que l’on s’y intéresse.

L’objet parfait (ici, on n’ose plus parler de « produit »…) est durable. Il va traverser le temps, s’anoblir, se patiner et pourra même, un jour être transmis. Bien loin, donc, de toutes les éphémères tentations bling-bling et autres modes qui ne font que passer. Le produit parfait est à l’abri de la concurrence. Il règne sur son marché comme la référence absolue. Il est flatteur pour celui qui l’acquiert et donne aux marques qui le proposent une forme de noblesse. D’où leur tentation de vouloir donner ce statut à leurs produits. Quitte à en inventer les origines…

So What ?

Insister sur les origines et les références historiques associées à son produit, valoriser le savoir-faire de ceux qui le réalisent, énumérer les détails jusqu'au plus infime, la quête du « parfait » est à ce prix…

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