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Hipster business model

L’apparition d’une exposition ou le succès d’un film a toujours à voir avec l’air du temps et nous renseigne, à sa manière, sur l’état de notre société. Il suffit de relire les raisons avancées par les médias pour «  expliquer » le succès de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » ou de constater la fascination actuelle pour l’Egypte et la préhistoire (métaphores d’une « autre » société) pour s’en convaincre.

En ce moment, aucun Parisien ne peut ignorer que le Bon Marché propose une « exposition » sur les hipsters. Ceux que l’on adore détester. Comment ceux qui, hier, n’étaient qu’une petite communauté dont les us et coutumes se réduisaient à porter des chemises à carreaux, à se nourrir bio et à se déplacer à vélo ont-ils réussi à devenir aussi « iconiques » au point d’être désormais présents dans toutes les villes du monde ?

Sans doute parce qu’ils répondent la forte envie actuelle de beaucoup de nos contemporains de changer de vie. Changer de vie, cela peut être changer de métier ou de ville, mais aussi, plus simplement, d’apparence. Ici, le changement est à la portée de toutes les bourses : une chemise, un tatouage sur le bras, une paire de lunettes de soleil, une barbe et chacun peut se croire réincarné. Voilà pour le look.

Mais l’attrait pour les hipsters ne s’arrête pas là. Ils incarnent aussi une nouvelle façon de travailler. Un « hispster business model » caractérisé par l’envie de faire des choses par soi-même (on les appelle aussi les « makers ») et seulement celles que l’on aime, de travailler avec ses « potes », de vivre une expérience partagée (souvent dans un ancien atelier) au sein de laquelle la perspective de gains n’est que secondaire. Qui serait contre ? Un idéal finalement pas si éloigné de celui que certains avaient échafaudé sur les barricades en 1968.

Les hipsters incarnent enfin un nouveau rapport à l’alimentation dominé par les producteurs locaux et les préoccupations bio. Pile poil dans les attentes du moment. Nouvelle esthétique, nouveau rapport au travail et à l’alimentation, les hipsters ramassent la mise. Les voici à présent devenus source de business. Un business forcément cool, mais un business quand même.

So What ?

Certaines marques affichent leur sérieux et leurs références, d’autres s’aventurent sur les territoires de l’humour et de la complicité. Ne pourraient-elles pas aussi tenter de cultiver leur indice de « coolitude » ?

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