Il suffit de musarder autour du Palais Royal ou des Halles pour s’en rendre compte : la vie en mode Gen Z ne peut s’envisager sans sa bande de potes, son jean bleu stone porté taille haut et son bubble tea à la main. Des échoppes dédiées à ce breuvage venu d’Asie, encore rares il y a un an, se sont multipliées au cœur de la capitale au point que la présence d’une file d’attente peuplée de collégiennes en tribus, hors des périodes de soldes chez Jennyfer, est devenu un signe annonciateur incontestable de la présence de ce type de commerce.

Vouloir en boire un, c’est d’abord partir à la recherche de l’ultime adresse qui en propose. Celle qui fait le le buzz sur les réseaux parce qu’elle vient d’ouvrir, qu’elle propose des saveurs inédites ou un décor hautement instagrammable. Celle où il sera bon de se montrer et pouvoir dire « j’y étais ». Dans le monde du bubble tea, faire de son point de vente un lieu de destination n’a rien d’une ambition théorique. 

Mais « pourquoi tant de succès auprès des Z ? » doivent se demander tous ceux qui n’en sont plus. Justement : la première vertu du bubble tea est de ne pas être consommé par d’autres que les siens. Quel produit peut revendiquer une telle exclusivité ? Aux plus jeunes, les verres de grenadine et d’Oasis avec ses fruits fun qui font du kayak ; aux parents, les appréciations comparées des différents parfums de glaces signés Bertillon ou Amorino. Pendant que les Millenials et les Y sont tout à leurs burgers et à leurs établissements estampillés Fooding, les Z ont la paix pour se consacrer à leurs bubble teas. Leur chasse gardée… jamais très éloignée d’un tacos. 

Autre raison du succès : la combinaison des possibles qui touche à l’infini. A base de thé vert et de tapioca, certes, mais oolong ou green tea ? Chaud ou froid ? Avec du lait de vache ou végétal ? Pastèque, mangue ou pêche… ? Le choix, bien plus cornélien que devant un bac à glaces, ne manquera pas de provoquer moult échanges et points de vue qui auront valeur d’un début de socialisation. Enfin, le bubble tea est une boisson à emporter avec son opercule fermé, pensé pour laisser passer une paille. Parfait pour déambuler dans les rues avec sa BFF puisqu’un pouce reste disponible pour obéir à la nécessité absolue de faire de cet instant un moment gravé sur les réseaux.

Entre-soi + hyper-individualisation + nomadisme = Z ⁽¹⁰⁾.