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Culture confiture

Il fallait bien que cela arrive. Pourquoi aurait-elle échappé au mouvement ? Voici la confiture à son tour touchée par le ré-enchantement qui a déjà contaminé burgers, kebabs, pizzas, pains et gâteaux. Plus question de se contenter de pots avec des couvercles aux motifs à carreaux ou de mentions du genre « cuites au chaudron », place aux « maîtres confituriers » et à leurs imaginaires de folie. Bonne Maman, assieds-toi et regarde bien.

Nouvelle figure de la planète food, le « maître confiturier » est d’abord un créateur. Il est « inspiré » par un paysage, une région, un quartier, un souvenir, un livre, une émotion. C’est un artiste. Il marie les mots et les saveurs, les origines et les références. Quand la fraise des Yvelines vient à la rencontre du sirop de coquelicot de Nemours, c’est déjà une promesse de voyage. Un voyage court car la tendance est à l’hyper local. La Vincennoise, une confiture made in Vincennes (pommes, raisins, pain d’épices) vient à peine de faire son apparition que l’on surprend déjà d’autres villes à proposer la leur. Antony et son Amandière (pommes, amandes et cerises confites) ou Neuilly-Plaisance et sa Plaisance (raisins, vanille et menthe). Une confiture pour chaque ville. Pourquoi pas ? 

Rien d’étonnant alors à trouver la Confiture Parisienne sur les linéaires : faite à la main, avec des fruits rares et du sucre de canne non raffiné, sa cuisson est surveillée au degré près dans des casseroles (pas dans des fûts, pour être homogène et que les fruits puissent rendre tous leurs arômes) puis délicatement versée à la louche dans des pots émaillés de blanc pour ne pas laisser passer la lumière. Sa profession de foi est son pedigree. De quoi, au passage, justifier un pot à quinze euros. Quand certains « up-cyclent », d’autres « up-gradent » sans compter.

Les propositions de confitures en séries limitées sont déjà là (elles viennent nous rappeler que les saisons sont bien éphémères) et l’on voit se profiler (si ce n’est déjà fait) les pots numérotés, les collections et les collabs avec des chefs stars ou, à défaut, des semi-people. On connaissait les confitures à tartiner, voici à présent les confitures à déguster. La confiture est devenue un art de vivre. Presque une culture.

So What ?

Comme le café en passant du bol à la tasse, comme les pâtes en passant des nouilles aux pennes à l’arrabiata, la destinée de tous les produits est de finir par être associés à un style de vie.

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