15 février 2021

De Dé- en Re-

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Côté cuisine, une des tendances, parmi les nombreuses du moment, consiste à désucrer ses desserts. Désucrer ne signifie pas réduire ou supprimer le sucre, mais trouver des alternatives au sucré raffiné. Il peut s’agir de sucres naturels (présents dans les fruits, le miel, les dattes…), d’édulcorants extraits de plantes (stevia, sucre de bouleau…). Ailleurs, il s’agit de débitumer, de dédensifier ou de désaturer la ville pour faire face à la montée des températures dûe au réchauffement climatique. Signalons aussi le mot qui, en ce moment, compte triple au Scrabble de la modernité : déconstruire. Les intellectuels en raffolent. Surtout quand il s’agit de s’attaquer aux croyances et autres préjugés capables de nourrir des conspirations en tous genres… Comme si le « dé » était devenu un remède à nos excès, le signe de notre envie de nous éloigner de ce que nous connaissons. Comme s’il nous suffisait de changer nos manières de faire pour changer notre vie et tourner la page. Pourquoi pas.

L’étape d’après est celle du « re ». Celle de la reconstruction. Là aussi, les mots abondent. Du côté des urbanistes, on aime la perspective de re-naturer et même de ré-ensauvager la ville (à condition que cela ne provoque pas d’émeutes…) par l’engazonnement des terre-pleins de tramway, l’installation de potagers sur les toits et bientôt de micro-forêts urbaines appelées à devenir nos nouveaux squares. Chez les économistes, on affectionne tout particulièrement l’idée de rebooter notre système, de « remettre les compteurs à zéro » et de « changer de logiciel ». Une attitude qui serait à notre société ce que la touche Reset est à nos petits tracas informatiques : le geste qui sauve. Quant au monde du marketing et de la com’, il n’est pas exagéré de dire que, depuis quelques années, tous ceux qui le fréquentent sont un peu shootés à l’idée de ré-enchanter le quotidien, manière de donner aux marques et aux enseignes le rôle de magiciens qu’elles n’auraient jamais rêvé endosser. Le ré-enchantement s’est substitué à la révolution des grands soirs. Plus immédiat et facile à mettre en œuvre.

Un coup de « dé » pour oublier le présent, un coup de « re » pour se donner l’illusion d’un nouveau départ. Ainsi va le monde.

Les actions en « dé » permettent à ceux qui en sont les auteurs d’affirmer leur modernité. Celles en « re », de prouver leur capacité à innover. Deux moteurs essentiels à tous les marchés.
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