7 novembre 2022

Déconstructeur automobile

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Peu de jours, peu de marques, peu de visiteurs. Cette année, le Mondial de l’Auto avait un goût de peu et des airs de fin d’une époque. Après plus de 70 ans de règne en tant que fantasme dans les esprits, voici la voiture amenée, elle aussi, à se déconstruire pour se présenter sous de nouveaux jours. Cette année, tous les constructeurs mettaient ainsi en avant leurs modèles électriques devenus, au fil du temps, leur passeport de bonne conscience pour l’avenir et leur appât à Millenials. Les membres de la Gen Z étant considérés comme perdus pour la cause, trop occupés avec Greta.

Certains constructeurs, convaincus de la nécessité de continuer à faire rêver, présentaient leurs concepts cars, manière de prouver qu’ils en ont encore sous le pied et que demain ne leur fait pas peur. Et là, ô surprise, le futur avait souvent des airs de déjà-vu. Comme si regarder dans le rétroviseur permettait de mieux voir devant soi. Chez Renault, en particulier, la nostalgie était palpable entre un modèle dérivé de la R5, revue en mode body-buildé, et un autre faisant référence à la non moins populaire R4, ici, en mode frugal. Chez Citroën, l’événement s’appelait Oli, un véhicule électrique descendant direct de la Méhari, qui pourrait donner le sentiment qu’il a été dessiné par un enfant HPI armé d’une règle et d’un crayon tant les lignes verticales et horizontales dominent. Et, si elle avait été présente à la Porte de Versailles, VW n’aurait pas hésité à mettre en scène la version 2.0 de son célèbre Combi baba désormais Combi bobo avec ses couleurs pastel et son design rigolo bien comme il faut. Que des modèles de légende, certes, mais accessibles. A des années lumière des prototypes aux formes galbées et aux allures de soucoupes volantes que nous nous avions l’habitude de découvrir.

Qu’en déduire ? Que notre époque est vraiment troublée et que les marques sont appelées à notre chevet pour nous rassurer et nous apporter nos doudous. Que le futur fait moins rêver que le passé, nième confirmation que, décidément, oui, c’était mieux avant. Que rouler dans un véhicule rétro-futuriste, c’est un peu comme se faire une injection de botox : vouloir paraître plus jeune tout en sachant que personne ne sera dupe. Et enfin que, désormais, inventer demain ne peut plus s’envisager sans embarquer hier : comme si le futur devait désormais se bricoler à partir de formes déjà familières pour être plus facilement acceptable.

Plus le présent est perçu comme anxiogène, plus le futur se doit d’être rassurant. Dans les années 60, on imaginait un futur aux forme spatiales. Aujourd’hui, inspiré par la R5 et la Méhari. Pas forcément moins bien.
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