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Etoiles et destinations

Un arrêté pris par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes en juillet dernier impose, depuis le 13 décembre dernier une dénomination «simplifiée» des noms anatomiques des morceaux de bœuf, de veau, d’agneau et de brebis afin d’aider des consommateurs «perdus». Belle intention.

Adieu semelle, gîte à la noix, macreuse, araignée, palette, paleron et jumeau. Les étiquettes des barquettes en vente au rayon libre-service des grandes et moyennes surfaces seront désormais classées sous des noms génériques (steak, rôti, bourguignon, pot au feu, escalope…), par mode de cuisson (à griller, à rôtir ou à mijoter) et de une à trois étoiles selon leur «qualité» (tendreté pour les morceaux à griller ou à rôtir et moelleux pour les morceaux à mijoter). Steak trois étoiles ou rôti une étoile ? Notons au passage que rien ne renseigne sur les méthodes d’élevage, la découpe ou la conservation de la viande… Quelques chanceux, comme l’entrecôte, le gigot, le faux-filet ou le rumsteack, continueront cependant de figurer sur les étiquettes. Ils font parti des rares morceaux que les consommateurs sont encore capables de citer.

Si certains ne manqueront pas de déplorer ici la disparition d’une partie de notre patrimoine culinaire, d’autres se réjouiront de la démarche. L’opportunité de toucher une population plus jeune, moins experte en culture alimentaire que ses aînés. La pédagogie au service de la découverte et de l’expertise consommateur. La démarche n’est pas sans vertus…  dont celle de venir au secours d’une consommation de viande qui ne cesse de reculer depuis vingt ans…

Elle vient aussi nous confirmer la manière dont évolue notre relation à l’alimentaire. Une relation qui privilégie la destination aux origines et le bénéfice consommateur au bénéfice produit. Et aussi une relation simplifiée par des systèmes de repérage à la fois universels et capables de déclencher des imaginaires immédiats.

«Trois étoiles» vs. macreuse, le combat ne fait que commencer…

So What ?

Pour favoriser l’accès à leurs produits, les marques peuvent diffuser des éléments pédagogiques. Elles peuvent aussi remplacer les mots par des symboles universels… Tout le monde ne cherche pas à devenir professionnel…

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