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Il a tout bon, le goûter

Né dans les années 90, le brunch n’a rien perdu de sa vitalité et le monde de la restauration lui sera éternellement reconnaissant de lui avoir sauvé ses samedis et dimanches midi qui n’intéressaient plus guère que les seniors désireux de se retrouver en famille hors de chez eux. Il lui offre aussi une facilité de préparation rare et une rentabilité exemplaire, d’autant plus confortable que l’on vient rarement bruncher à deux… Le brunch coche donc toutes les cases et on l’a vu évoluer, au fil du temps, en brunch asiatique ou festif, avec champagne et même caviar dans les restaurants des grands hôtels.

Un autre moment « entre deux » s’affirme de jour en jour : le goûter, qui se diffuse lentement parmi nos habitudes. Sa première apparition fut dans les hôtels de luxe où, facturé au prix d’un repas, il permettait d’accéder à des créations de chefs pâtissiers. Celui de Cédric Grolet, au Meurice, avec ses gâteaux en forme de fruits rencontra un gros succès, tout comme celui de François Perret, au Ritz, avec ses madeleines à boire. Une manière de s’offrir une prestation griffée sans (trop) se ruiner. Un peu comme les accessoires de mode. A Paris, la rue du Nil est ainsi devenue l’avenue Montaigne de la food de créateurs.

La crise sanitaire a accéléré le phénomène. La saison 1 du Covid fut en effet marquée par le retour du fait maison et du goûter en famille. Il fallait bien faire une pause au cours de ces journées qui ne cessaient de s’étirer. Conséquence : les pâtes à tartiner se multiplient. Elles sont signées Michel & Augustin, Bonne Maman, Poulain, Milka ou Nestlé Dessert et ont toutes l’intention de détrôner le dieu Nutella qui régne sur le rayon. La presse nous apprend aussi le retour du marbré (la nouvelle babka) en hommage à feu Papy Brossard ainsi que celui des gâteaux de mamie. Voilà qui nous change des brownies, cookies, muffins, donuts, cupcakes, cheesecakes et autres bubble wafles interplanétaires. Après des années de créativité sucrée à portée conceptuelle, place aux bonnes vieilles recettes de chez nous. La revanche du moule à cake.

Chacun pourra y lire le signe d’un besoin de réconfort et de régression en cette période troublée, ou encore le retour à une forme de simplicité, un goût marqué pour le partage et la transmission et peut-être même une ultime expression de la vague vintage qui déferle dans nos vies. Une chose est sûre : le sucré a de beaux jours devant lui.

So What ?

Qu’il semble loin le temps de la cuisine moléculaire. Place désormais aux valeurs sûres et de toujours. A condition toutefois qu’elles restent instagrammables et qu’on puisse leur associer une belle histoire…

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