15 juin 2020

La joie de faire

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Pendant la période de confinement, les Français se sont improvisés boulangers comme l’ont prouvé le nombre de requêtes de recettes de pains faites sur Google Trends (+400% au mois de mars), la disparition rapide en rayons des farines T55, T65, T80 et T110 (la culture de la farine se sera au moins enrichie durant cette période) ou encore le succès du pain cocotte sur les réseaux. Les raisons d’un tel engouement sont faciles à comprendre. Faire du pain, c’était éviter de se rendre à la boulangerie trop souvent. C’était aussi s’occuper, occuper ses enfants et, ainsi, consommer un peu de ce temps devenu soudain si abondant. C’était enfin (et surtout) éprouver la satisfaction de faire par soi-même et la fierté (largement partagée…) d’avoir réussi à maîtriser quelque chose, ce qui, en cette période marquée par l’incertitude, est toujours appréciable. Pas sûr que cette passion pour le pain perdure, mais le confinement a fait que nous ne le regarderons plus comme avant. 

Cet engouement est à rapprocher de l’autre succès du moment : celui de la poterie, désormais renommée céramique (plus chic). Depuis peu, les ateliers de céramistes sont en effet pris d’assaut par ceux et (surtout) celles qui, dans leur vie d’avant exerçaient des métiers bien éloignés de l’artisanat. Faire quelque chose de concret et d’unique, s’oublier et oublier son environnement par la concentration mentale, se rapprocher de l’essentiel… Les motivations qui conduisent au pain ne sont pas loin. La quête de sens et le désir de se faire du bien, non plus, poussant la céramique à venir s’installer entre la méditation et le yoga.

Les marques l’ont bien compris puisque l’on retrouve des céramiques chez Habitat, chez Alinea, dans le concept-store marseillais de Sessùn, dans presque tous les magasins de la rue (arty) du Château d’eau, à Paris, et même chez Saint Laurent sous la forme d’un coffee mug noir ou zébré forcément collector. Des collaborations avec des artisans qui viennent donner du sens à des offres souffrant parfois du virus du copié-collé… Le point commun entre le pain et la céramique n’est-il pas finalement qu’ils procurent tous deux de la joie ? La joie, vous vous souvenez, celle que Marie Kondo éprouvait après avoir rangé ses placards.

Dans le monde d’après, ce ne seront pas seulement les activités essentielles qu’il faudra privilégier, mais aussi celles qui procureront de la joie.

Faire c’est comprendre. Comprendre, c’est prendre conscience. Une attente pleine d’avenir dans un monde qui engendre chaque jour de nouvelles interrogations.
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