5 juin 2023

La folie vinaigre

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Il fallait bien que cela arrive. Après l’huile d’olive, les épices, le poivre et, dans une moindre mesure, le sel (grâce à l’île de Ré et à la Camargue), c’est au tour du vinaigre d’occuper les pages tendance des magazines. Pas le vinaigre balsamique, désormais parfaitement intégré dans nos placards de cuisine, mais ce bon vieux vinaigre de vin ou de cidre, issu d’une fermentation plus ou moins longue. Et la seule manière d’élaborer de nouveaux discours sur le vinaigre, c’est de commencer par l’envoyer faire un stage à Brooklyn. Forcément. Tout produit passé par là bénéficie d’une poussée de branchitude proportionnelle à son ancienneté. Les céréales, les bières, les biscuits y ont trouvé une nouvelle jeunesse, alors pourquoi pas le vinaigre ?

Le magazine Elle se demandait récemment « s’il fallait succomber à la folie vinaigre ? » (une vraie question que bien peu de médias se posent…) en soulignant que «les producteurs rivalisent de créativité pour réenchanter le savoir-faire millénaire associé au vinaigre, tandis que les papes du wellness en vantent les bienfaits ». Le fantasme absolu de toutes les marques qui se sentent vieilles dans leurs packs. On y découvre la marque Tart Vinegar et ses vinaigres, artisanaux et totalement naturels, de rose, de cèleri, d’algues kombu (très riche en iode) ou de gingembre hawaïen que « tout New York s’arrache » et dont la double fermentation peut durer jusqu’à deux ans. Patience. On y apprend aussi, qu’en France, une nouvelle marque de vinaigre ne devrait pas tarder à faire son apparition sur les linéaires. Baptisée Lento, elle proposera une petite production de vinaigres au géranium, à l’ail noir et au citron noir conçue avec un chef étoilé. Place à l’imagination.

Et voilà tout l’imaginaire du vinaigre soudainement projeté dans une nouvelle dimension. Le filon vinaigré a de l’avenir car le condiment ne manque pas de vertus. Pour la cuisine, pour relever un plat, certes, mais aussi pour la santé, grâce à ses propriétés probiotiques (entre autres) et même, désormais, pour agir en faveur de l’environnement puisque le vinaigre permet de limiter le gaspillage en exploitant jusqu’au bout les fruits, légumes et aromates dont les surplus peuvent ainsi finir dans des vinaigriers.

Depuis une dizaine d’années, on ne cesse de nous vanter les mérites (écologiques et économiques) du vinaigre blanc pour l’entretien de la maison. Ce n’était que le premier chapitre.

Plus un produit est simple et connu, plus il peut être réinventé et devenir le support d’un nouvel imaginaire. Innover, c’est aussi produire de nouveaux regards sur le connu.
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