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La niche du bio

Il y a quelques semaines, nous évoquions ici le repli du marché du vrac. Voilà, à présent, le tour de celui de la bio. 2021 aurait-elle brûlé tout ce qu’elle avait adoré en 2020 ? Le monde d’après va-t-il finir, comme certains le prédisaient, comme le monde d’avant, mais en pire ? Après 20 années de croissance forte, le chiffre d’affaires de la bio en France a chuté de 3% en 2021 et, plus particulièrement pour les produits frais comme le lait, la crème, les fromages, les fruits et les légumes.

Une première explication s’impose par sa résonance avec l’actualité politico-sociale du moment : la question du pouvoir d’achat car, oui, les produits bio sont plus chers que les autres. Comme les produits de luxe ne manqueront pas de rétorquer les esprits affûtés qui souligneront au passage leur bonne (excellente) santé… Pourtant, durant le premier confinement, les produits bio semblaient rassurer tous ceux qui, virus oblige, s’étaient mis à choisir leur alimentation à partir de nouveaux critères de qualité. Du goût, oui, mais pas que. De la qualité et de la sécurité aussi. Alors quoi ? Le prix serait-il venu à bout de cette exigence ?

Disons que s’il n’est pas étranger à la situation, il faut quand même commencer par rappeler que toutes les courbes de croissance sont amenées, un jour, à rencontrer une phase de stagnation, aussi appelée plateau si l’on veut rester dans un registre bucolique. Voire, de régression. La consommation de viande au fil des siècles peut venir témoigner… Surtout que la bio, tant dans sa consommation que dans sa production, ne pourra jamais atteindre 100 % du marché car elle est à la fois une niche (une niche habitée par une grande portée, certes) et un marché occasionnel. Pour les uns, ce sont les œufs et le lait, pour les autres, les légumes et la cosmétique bio qui comptent. Chacun pourra s’appuyer sur son exemple personnel pour s’en convaincre.

Consommer tout bio suppose une implication, un investissement temps et un pouvoir d’achat assez rares... Le marché de la bio n’a pas, non plus, le monopole des vertus. L’appellation bio vaut-elle mieux qu’équitable, que local, que label rouge ? Est-elle toujours synonyme de qualité ? Bio française ou bio importée ? Bio sous plastique ou pas bio en vrac ? Bio plutôt qu’une bonne note Yuka ou Nutriscore ? Le prix de la bio est vraiment loin d’être le seul facteur explicatif du ralentissement de son marché…

So What ?

Plutôt que de se focaliser sur la courbe de croissance de la bio, mieux vaut se demander comment ce marché peut contribuer à rendre plus exigeant le regard que nous portons sur ce que nous achetons. Là, le rôle de la bio n’a pas fini de croître…

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