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Les nouveaux salons

Quoi de plus réjouissant que d’apprendre une information singulière, une de ces informations minuscules qui nous parlent immédiatement, nous inspirent et nous entraînent vers des pensées inattendues ? C’est ainsi que dans l’un de ses deux numéros (devenus collectors) consacrés à l’affaire Dupont de Ligonnès, le très recommandable magazine Society nous apprenait cet été que les ventes de chaises pliantes ne se sont jamais aussi bien portées. Pas celles que l’on garde dans sa cave pour compléter les tables en cas de surnombre, celles qui ont pour vocation de passer leur vie dans des campings ou au bord de l’eau (plages pour les contemplatifs, rivières pour les pêcheurs) et d’abord dans les coffres des voitures.

Decathlon ne publie jamais de chiffres, mais se frotte les mains puisque il apparaît archi-leader sur ce segment avec une offre aussi large qu’accessible. Dans son magasin de Montreuil, les trônes en polyester avec accoudoirs et porte-gobelets auraient d’ailleurs quitté le rayon chasse-pêche-camping pour apparaître en allée centrale… Un changement de statut. Ceux qui ne trouvent pas ces chaises pliantes assez stylées peuvent même se rendre sur Instagram où des « créatrices » se chargeront de les personnaliser pour en faire de vrais accessoires déco.

Après de longues semaines de confinement, chacun aspire à se retrouver au grand air, au sein de la nature. Faire des randos, c’est bien. Se poser, c’est pas mal non plus. Une manière de s’approprier le paysage. Plus surprenant encore, l’article nous précise que les chaises pliantes ont aussi beaucoup de succès au pied des barres HLM et dans les clips de rap, jamais très éloignées d’une chicha, d’une canette et de beaucoup de vannes entre potes. Les nouveaux salons ne sont pas toujours là où on les imagine. La chaise pliante comme nouvel élément de la panoplie de la « banlieue way of life », qui l’aurait imaginé ?

Le phénomène n’a été orchestré par aucune enseigne ni aucune marque. Juste le fruit de la rencontre de la disparition des bancs dans l’espace public et d’une envie post-confinement d’aller s’installer à l’air libre. Se poser dans le décor plutôt que poser dans le décor pour satisfaire l’insatiabilité des réseaux sociaux : certains ne pourront s’empêcher de voir là une forme de sagesse. Réjouissant, on vous le disait.

So What ?

Aucun produit n’est à l’abri de changer de statut. Savoir cette mutation possible est une incitation pour toutes les marques à toujours se demander comment elles pourraient donner une nouvelle vie à leurs produits. Parfois, il suffit de modifier leur destination...

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