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Un monde de gourdes

La mode tient toujours à un détail. Dans les années 90, hommes et femmes (mais surtout femmes) se sont soudain mis à se déplacer en ville avec des gobelets à couvercle en plastique de chez Starbucks à la main. Sex and the City était passé par là. Dans les années 2000, les mêmes adoptèrent ces grands verres transparents en plastique, agrémentés d’un chapeau bombé troué par une paille (avant leur diabolisation…) dans lesquels on pouvait trouver, au choix, un smoothie, un quelque chose au matcha, un bubble tea ou une boisson healthy et instagrammable. L’objet (sans nom) a, depuis, laissé sa place à la gourde après une courte apparition du mug isotherme, sans doute pas assez vintage pour s’installer durablement.

Elle revient pourtant de loin, la gourde qui traverse actuellement notre quotidien. Du temps des scouts et des colos, quand elles étaient en fer cabossé qui donnait un indescriptible goût métallique à tous les liquides qui s’y perdaient. La gourde est aujourd’hui installée dans les filets des sacs à dos des start-upeurs, sur les bureaux des étudiants concernés ou des coworkers de passage, quand ce n’est pas dans le panier des vélos à bobos. La gourde n’est pas seulement moderne, elle est aussi cool. Certes, on ne voit pas (encore) beaucoup de gourdes chez les experts-comptables ou sur les chantiers, mais rien ne dit que l’épidémie n’est pas en train de les gagner. Car la gourde a de la ressource et les motivations pour l’adopter ne manquent pas.

C’est bien sûr l’occasion d’aller se servir au robinet ou à la fontaine à eau et d’ainsi accomplir plusieurs actions : des économies de ressources, de plastique et de transport, ainsi qu’un (petit) geste pour Greta, ce qui ne fait jamais de mal. C’est aussi une manière d’afficher un signe d’appartenance car, comme tous les objets de mode (ou à la mode), les gourdes émettent des signes et chacun peut reconnaître les siens. Entre les gourdes de randonneurs et celles des influenceuses importées de New York ou du Japon, c’est peu dire qu’il y a du monde. On trouve ainsi des gourdes griffées en verre avec filtres intégrés et dragonnes stylées, des gourdes publicitaires avec leur bonne conscience en accroche, des gourdes Nature & Découvertes en inox, des gourdes design en céramique, verre pastel ou faux bois, des gourdes de geeks saturées de stickers, des gourdes de jeunes filles fleuries ou avec plein de dauphins dessus…

Bref, il y a une gourde pour chacun(e) et il y a fort à parier que l’une d’entre elles sera prochainement déclarée iconique, ultime reconnaissance de la patrie fashion. Même un objet anti-gaspilage peut se retrouver au coeur de la consommation. C’est dire si le marketing est fort.

So What ?

Qu’attendent les enseignes pour proposer des gourdes brandées à leur image qu’elles associeraient à des fontaines : jus, café, eau, mais aussi, pourquoi pas, soupe… ? De quoi parfaire leur image responsable…

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