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Poké Roi

Il est sur toutes les cartes et sur toutes les tables. Il serait même devenu le remplaçant de l’incontournable « grande salade » ou « salade repas » imaginée astucieusement par les restaurateurs pour convertir une entrée en plat sans résistance. Son nom sonne bizarre aux oreilles des plus de 50 ans mais est très familier des moins de 30. Poke pour les origines hawaïennes (qui signifie morceaux), promesse de voyage, et Bowl, histoire de renouveler l’assiette de papa et maman et les verrines de la cousine d’Orléans. Ok, Boomer ?

Moins facile à prononcer que salade parisienne ou auvergnate, certes, mais tellement plus dans l’air du temps : avocats en tranches (on oublie le bilan carbone), poisson cru (origines ?), riz cuit, légumineuses et fruits rouges, le tout nimbé de graines de sésame et nappé d’une sauce inspirée par l’Asie. Le Poke Bowl résume à lui seul notre époque. Pas seulement pour l’imaginaire exotique qui lui est associé, car celui-ci est finalement aussi vieux que les pizzas à l’ananas. Pas seulement pour ses promesses de santé et d’équilibre, partition archi jouée par tous les acteurs alimentaires en quête de bonne conscience. Mais aussi et surtout parce qu’il incarne une solution pour le secteur de restauration sévèrement touché par la crise sanitaire. Avec ses ingrédients non transformés, peu ou pas cuisinés, qui ne nécessitent, ni matériel spécifique, ni personnel qualifié, le Poke Bowl n’a-t-il pas tout pour séduire les restaurateurs amateurs de dark kitchen et d’économies de personnel ?

Et, en plus, il vient se loger dans des contenants faciles à empiler et à transporter (les plateformes de livraison lui disent merci) déclinables dans une infinité de motifs et de matières : fresques hawaïennes, décor boisé ou palmé, bois, rotin, paille, carton… Voilà de quoi les rendre, au passage, hautement instagrammables. Simple, sain et très visuel, déclinable sous toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les saveurs et pour tous les régimes alimentaires, le Poke Bowl a tout bon. Il est la preuve que la « décodification » de la table est bien le meilleur moyen de toucher les jeunes générations. 

Porté par la crise sanitaire et l’explosion des livraisons à domicile et de la vente à emporter, son succès n’est pas près de s’arrêter. Parions même, qu’un jour, nous le retrouverons en dessert imaginé par un apprenti chef cathodique.

So What ?

Inventer un nouveau concept de restauration ne peut plus désormais s’envisager sans accorder une importance extrême à la présentation (pour les réseaux) et aux contenants (pour la livraison).

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