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Sistronomie

Qui a entendu parler de Sistronomie ? Sans doute davantage les Bretons que les Marseillais. Sans doute aussi ceux qui suivent l’actualité Food. Car la Sistronomie désigne un courant alimentaire encore rare (qui ne demande qu’à se développer), consistant à accompagner ce que l’on mange de cidre. Sistr signifie cidre en breton. Et oui, le cidre, scotché aux crêpes depuis toujours et que ses fabricants aimeraient bien voir consommé à d’autres moments qu’en février et durant les vacances au bord de la mer. La Sistronomie a donc été inventée par un des grands acteurs du secteur, Loïc Raison, pour attirer l’attention sur cette boisson souvent appréciée, mais qui peine à trouver sa place dans un rite quotidien. Pourquoi ne deviendrait-elle pas la nouvelle bière ? Naturalité, simplicité, authenticité, made in local, tout est là. Ne manque plus que l’étincelle pour faire partir la tendance.

En son temps, le Fooding a bien réussi à démoder les restaurants du guide Michelin en imposant son approche disruptive. Les cocktails ont longtemps été réservés aux hôtels de luxe avant de se répandre dans les bars à Millennials. Entre l’imaginaire des micro-brasseries et l’esthétique kraft, les bières ont trouvé de quoi séduire ceux qui s’y étaient initiés durant leur Erasmus en Irlande ou à Berlin. Quant au p’tit noir que l’on prenait sur le comptoir, il s’est soudainement retrouvé propulsé dans la modernité entre les mugs à la Starbucks, les capsules des machines et les baristas tatoués sur fond de percolateurs de compétition. Pourquoi le cidre n’aurait-il pas, lui aussi, droit à sa part de transformation et de réenchantement ? Fallait-il encore qu’il fut associé à un mouvement. Voilà qui est fait.

Des « cidres de dégustation » pourront donc être invités aux tables des grands restaurants, manière de conférer au secteur ses lettres de noblesse et de le sortir, pour un temps, de ses bolées en grès. Ils pourront aussi, sans difficulté, accueillir toutes formes de story-telling, allant du discours sur les origines à ceux portés par les « sistronomes » convoqués pour l’occasion, qui ne manqueront pas de souligner leurs « notes d’alcools supérieurs », leur élégance, leur équilibre et leur complexité. Assez pour les marier à des plats de viande blanche ou à des produits de la mer.

Ne manque plus au cidre qu’un blogueur influent, une irruption singulière dans une émission de télé-culinarité ou encore, pourquoi pas, se retrouver au centre d’une comédie populaire située en Normandie. Rien ne doit être négligé pour devenir un « art de vivre ».

So What ?

Associer son produit à un mouvement est une bonne manière d’attirer sur lui les projecteurs de la modernité et de lui associer de nouveaux et efficaces story-telling. Une étape désormais indispensable.

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