28 mars 2022

C’est la fête

Recevez chaque lundi notre newsletter
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.
Crédits photos : Galeries Lafayette / Le Bon Marché Rive Gauche

Tout le monde connaît ou perçoit les vertus de la fête. Quand l’environnement et les perspectives s’assombrissent, faire la fête est une manière d’imposer la lumière. Le commerce l’a bien compris, lui qui est à l’origine de toutes les fêtes que nous connaissons, de celle des mères à celle des grands-mères en passant par celle des amoureux, des secrétaires (victimes du féminisme, elle a du se replier). Et pourquoi pas une fête de la Paix puisque tout est fête ?

Les grands magasins parisiens se sont donnés le mot et chacun y va à qui mieux mieux. Aux Galeries Lafayette, la fête est jaune et ronde pour fêter les cinquante ans du Smiley, l’ancêtre de l’émoji et étendard mondial de l’optimisme rebaptisé ici Feel good pour coller à l’air du temps. Salle de gaming et rampes de skateboard gratuites sont au rendez-vous. Au Bon Marché, la fête est rose bubble-gum, un optimisme mâtiné de régression. On y décline le verbe collaborer à tous les temps et dans tous les sens sous la houlette du roi de la fête (car pas de fête sans roi) auto-proclamé Philippe Katerine, amuseur des petits et des grands. Des “Monsieur Rose”, trônent ainsi dans les vitrines de la rue de Sèvres, alter égo du chanteur et porte-parole du mouvement du mignonisme ou l’art de “voir du mignon partout, même dans les choses affreuses”. Un courant de pensée inédit. Au Printemps, la fête est verte, devinez pourquoi. Rues privatisées et végétalisées, musique live, pétanque, photocall, workshops et foodtrucks. Expériences à tous les étages, c’est le premier Festival de Printemps.

Depuis deux ans, le commerce n’était pas à la fête. Le voici qui vient rappeler que son futur ne se réduira pas aux livraisons à domicile en moins de quinze minutes. Le consommateur n’est pas toujours le consomm’acteur critique et impatient que l’on aime (trop) souvent décrire. Il peut aussi être le flâneur qui s’étonne, le curieux qui découvre, l’insatiable qui veut toujours apprendre. Un jour, tout, tout de suite ; un autre, se rendre en magasin pour toucher le produit, se faire conseiller, rencontrer. Le raisonné, le raisonnable, le responsable, le collaboratif, le solidaire, l’expérience, le lien social, le digital, oui, mais pas sans théâtralisation, sans émotion, sans incarnation, ni belles histoires.

Le commerce physique n’a pas dit son dernier mot. Pas parce qu’il saura proposer des « expériences » à ses clients, mais parce qu’il saura rappeler qu’il est l’acteur principal de la vie en ville.
This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.