30 novembre 2020

Des livres et des fleurs

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Si la première saison du confinement avait été marquée par l’attention soudaine portée aux invisibles (caissières, livreurs et éboueurs par ordre d’apparition dans nos journées), on ne peut que constater (déplorer) que plus personne ne parle d’eux en cette saison 2 et que d’autres métiers, presque invisibles, ont pris leur place. Plus particulièrement, les libraires et les fleuristes. Deux métiers assez discrets qui semblaient à la marge ou appartenir à un autre temps. Les voilà projetés sur le devant de la scène.

En mars dernier, les invisibles désignaient ceux qui assuraient notre survie, le maillon le plus proche de nous, notre ultime morceau d’humanité dans un monde virtualisé et empêché. Aujourd’hui, librairies et fleuristes incarnent la possibilité de s’échapper d’un quotidien redevenu terne, ralenti et sans perspectives. Des fleurs pour poétiser et embellir notre environnement. Des livres pour cultiver nos pensées. Deux manières de survivre émotionnellement en se créant son propre monde lorsque celui qui nous est extérieur semble plus lointain.

Mais aussi deux visions du commerce tant les fleuristes et les libraires se tiennent à l’écart des évolutions actuelles. Chez eux, toucher, voir, sentir, ressentir, éprouver ont encore du sens et, si les paiements peuvent se faire sans contact, les transactions, elles, ne peuvent s’envisager sans conseil, suggestions et empathie. Les vendeurs ne sont pas réduits au rôle d’hôtes de caisse et n’ont pas besoin de réciter un protocole d’accueil formaté dont les « éléments de langage » ont été choisis pour leur capacité à générer une sympathie opportune destinée à provoquer l’achat. Ils n’ont qu’à rester eux-mêmes. Ils conseillent au sens le plus noble du terme, s’engagent, donnent leur avis en toute subjectivité, échangent, orientent, guident. Derrière les fleuristes, l’imaginaire de la nature en ville. Derrière les libraires, celui d’un commerce apaisé, à l’écart des excès d’un monde dominé par la rentabilité et les bénéfices. Le signe du désir d’un même imaginaire de vie de quartier et de centre-ville marquée par l’humain et la proximité.

Un autre commerce porte les valeurs des fleuristes et des libraires : les cavistes. Mais eux ont été rangés dans la famille des commerces nécessaires. Sans doute parce que la période s’annonçait longue et qu’il était, justement, nécessaire de laisser libre l’accès à ce qui pouvait permettre de mieux affronter les difficultés.

L’attention actuelle portée aux libraires et aux fleuristes devrait conduire les grandes enseignes à réfléchir aux missions attribuées à leurs vendeurs. Et à leur langage...
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