15 janvier 2024

Do or donuts ?

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Même si les discours sur le bien manger et les bonnes résolutions ne cessent de se multiplier début janvier, il reste toujours une part de ventre pour des nourritures moins acceptables pour la bonne conscience, mais qui font tout pour le faire oublier en se parant d’attributs aussi instagrammables que cools. Dans cette catégorie, les donuts figurent assurément en tête de peloton.

Les donuts, ces sucreries joyeuses et insouciantes comme la jeunesse peut l’être quand tout va bien, étaient un peu sortis des radars. On les retrouve aujourd’hui dans les médias grâce à la fanfare organisée par la maison Krispy Kréme, l’auto-proclamée référence premium en la matière, née en 1937 en Caroline du Nord (un gage de crédibilité), à l’occasion de l’ouverture de son premier magasin parisien, au cœur du Forum des Halles. Objectif affiché : ouvrir 500 magasins en France d’ici cinq ans. Vous voilà prévenus.

Campagne de pub sauvage sur tous les murs du centre de Paris au mépris de tout respect environnemental, files d’attente dès potron-minet comme au bon vieux temps des premiers smartphones Apple, promesse pour les premiers entrés dans le magasin de donuts gratuits (chouette !), toutes les vieilles ficelles du marketing du « monde d’avant » se trouvent soudainement ressuscitées. La nuit des morts vivants en mode com’. Ceux qui affirment, doctement, que « l’on ne peut plus continuer à faire comme avant », trouveront là matière à réflexion… 

Le donut, c’est l’anti poke-bowl, varié et équilibré, toujours prompt à afficher son carnet de santé. Emblème de la fast food et de la malbouffe, il séduit par son côté transgressif et bad boy toujours attirant. Surtout chez Krispy Kreme où il est fabriqué sous les yeux des clients et vendu à un prix attractif… à condition de les acheter par boîtes de douze. Malin. Et puis l’enseigne, comme Mc Do, possède son produit iconique, The Original Glazed, dont la seule quête suffit à affoler les réseaux.

Politiquement incorrects autant qu’icônes de la pop-culture avec leurs clins d’œil aux Simpson et aux flics américains, jamais les derniers à se les partager pendant le service, les donuts ne sont pas une sucrerie, mais une attitude, une manière d’envisager la vie entre décontraction et lâcher prise. Ils incarnent notre part d’inavouable et nous donnent la sensation délicieuse d’enfreindre les conventions. Trop bon en cette période d’injonctions et de contrôles permanents.

Face aux discours du bien manger qui incitent à faire toujours attention, il y aura toujours une place pour une offre qui en prend le contrepied. L’équilibré ne doit son existence qu’à ce qui ne l’est pas.
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