3 mai 2021

Ici est ailleurs

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Le secteur hôtelier est sans doute le meilleur capteur de l’air du temps qui soit. Quand tout va bien, il sait inventer pour mieux séduire et attirer ceux qui voyagent. Quand ça va moins bien, il sait aussi se réinventer. La résilience en action. Force est de constater qu’il n’est pas resté en berne durant cette période d’attente et d’incertitudes. Dans le monde d’avant, l’événement hôtelier avait souvent à voir avec l’inauguration d’une terrasse à la vue époustouflante, ou celle d’un complexe de remise en forme aux promesses chimériques. Les choses semblent avoir un peu changé. Il n’y a pas que le Cheval Blanc dans la vie.

Le mois dernier, tous les médias relayaient l’ouverture de l’hôtel Paradiso installé au-dessus du MK2 Nation, à Paris, en soulignant l’originalité de sa proposition qui fait de chaque chambre une salle de projection individuelle potentielle. La presse nous apprend maintenant que l’hôtel Cabane, à deux pas de la gare Montparnasse, venait d’ajouter à ses chambres classiques, une tiny house en bois, suspendue dans son jardin et accessible par une passerelle. Comme une cabane dans les arbres. Idéal pour se ressourcer en oubliant la ville.

Pour faire oublier la réalité, hôtel Lutetia a choisi, lui, de solliciter des stars. Après Francis Ford Coppola, c’est au tour d’Isabelle Huppert (devenue plus disponible depuis un an) de se pencher sur l’identité d’une de ses suites. La 623, 70 mètres carrés au 6ème étage. Ça et là ont ainsi été glissés quelques uns de ses objets personnels : une robe couture Saint Laurent, le scénario du film La pianiste, une photo de tournage, une affiche de cinéma, des livres aimés… l’esprit de l’actrice est partout, jusque dans les draps brodés I.H et embaumés de son parfum, dont un flacon est mis à disposition. Fracas de Piguet. Plus chic, what else ? Une première. Et peut-être une nouvelle manière d’envisager les collaborations avec les stars. Davantage comme témoins qu’icônes. 

Quel est le point commun de ces différentes propositions hôtelières ? De toutes nous emmener ailleurs sans avoir à bouger : dans une salle de cinéma, dans une cabane ou chez une star. Loin de la réalité et de ses restrictions. Traditionnellement, les hôtels étaient des bases de repli rassurantes pour ceux qui n’étaient pas chez eux. A l’hôtel comme chez soi. Les voilà qui peuvent aussi apparaître comme des perspectives d’évasion pour ceux qui ne peuvent pas bouger. A l’hôtel ailleurs que chez soi. Moins tautologique qu’il n’y paraît…

Les hôtels ne sont pas condamnés à ne parler qu’à ceux qui voyagent, pas plus que les marques de luxe à ceux qui ont un fort pouvoir d’achat ou le low-cost à ceux qui ont un revenu modeste… Les cibles sont mortes, place aux individus !
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