25 septembre 2023

Les temples du cool

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Il fut un temps, pas si lointain, où innover consistait à inventer, manière d’entrevoir un futur qui semblait d’autant plus crédible qu’il avait coupé les ponts avec le présent. Désormais, innover consiste bien souvent à réinventer le passé, manière de ne pas le quitter des yeux, ce passé si rassurant en ces temps si compliqués. Après les néo-boulangeries oscillant entre, d’un côté, des établissements aux noms bobo-disruptifs (The french Bastards, Urban Bakery, Copain) animés par d’entreprenants trentenaires jamais très loin du monde de la finance et, de l’autre, des magasins géants implantés en périphérie par des investisseurs avisés (Marie Blachère, Feuillette, Ange), voici à présent les néo-cafés. 

Le chemin emprunté pour leur renouveau est le même, confirmation d’une orientation progressive de tous les marchés vers la polarisation. En périphérie, c’est une nouvelle génération de cafés qui voit ainsi le jour, à la fois bars et caves, caractérisés par leur surface et leur offre XXL, leur atmosphère (jeux, ambiance musicale) et leurs parkings. Parmi eux, V&B (Vins et Bières), qui compte déjà plus de 250 établissements, la Vache à bières ou encore Chope & Compagnie (une trentaine d’adresses). Des lieux inconnus des Parisiens et plutôt éloignés de ceux où l’on s’imagine boire un verre en fin de journée…

En centre-ville, on observe, à l’inverse, un certain engouement pour les rades, ces micros bars de quartiers, de préférence dans leur jus, et pour les PMU revitalisés, là encore, par une nouvelle génération de tenanciers qui y propose une offre de restauration simple dominée par un terroir revisité. Dans un récent article, le Fooding parlait déjà de néo-PMU… Le tout sur fond d’authenticité créée de toutes pièces, entre décoration surfant sur une esthétique vintage imparfaite, apéritifs rétros en quête de modernité (Suze, Campari, Lillet, Picon) et objets publicitaires chinés, signés Miko ou Ricard dont le célèbre bob susciterait de nouveau la convoitise.

Il suffirait de pas grand chose pour que les PMU deviennent les lieux ultimes du cool tant ils portent tout ce que la société espère : des populations brassées et du partage émotionnel, transclasse et intergénérationnel, sur fond de joie communicative en cas de victoire. Des gens et de la vibration. Pas loin de l’idéal black-blanc-beur des stades de foot. L’inclusivité plutôt que l’individualisme : le remède que tout le monde attend.

Boulangeries, bars, primeurs, épiceries…tous les lieux de la vie quotidienne sont aujourd’hui réinterprétés par les Millennials et les Gen Z. A quand les marchands de journaux, les boucheries et les quincailleries ?
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