21 juillet 2020

L’herbe du pré d’à côté

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Depuis le confinement, il paraît que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir quitter la capitale. Direction, la campagne proche. Selon le site Paris-jetequitte, le nombre des aspirants au départ aurait augmenté de 42% au lendemain du confinement : ils étaient 38% dans le monde d’avant, ils sont désormais 54%. L’Eure serait dans le viseur avec une augmentation de 98% des recherches. On veut bien partir de Paris, mais pas trop s’en éloigner quand même… Le confinement n’aurait donc pas seulement été l’occasion d’apprendre à faire son pain, à cuisiner et à améliorer son jogging, il aurait aussi permis de réfléchir à son environnement. De là à passer un hiver dans l’Eure…

La qualité de vie est le premier argument convoqué pour justifier la décision. De l’air et de la place. Surtout pour les enfants. Tout ce qui évoque le rural et le rustique ont d’ailleurs la cote en ce moment. Il suffit de jeter un œil sur les réseaux. Les images de petites maisons dans la prairie dominent et des cliques de Parisiens s’installent à Barbizon, la nouvelle Mecque de la branchitude… La généralisation (forcée) du télétravail a aussi ouvert de nouvelles perspectives et chacun se projette aisément dans son jardin face à son écran d’ordinateur. Et, puis, « pour le prix d’un petit apart’, on peut avoir une maison avec un jardin… ». La ritournelle préférée des agents immobiliers. La campagne comme abstraction est ainsi devenue en quelques semaines, le fantasme numéro un des Parisiens dont le lien avec le monde rural se limite pourtant souvent à la commande d’un Campanier et à l’achat de quelques légumes à un petit producteur de leur marché.

Les experts de tous poils se précipitent sur le phénomène et veulent y voir l’agrégation de toutes les nouvelles attentes des consommateurs : retour à l’essentiel, quête de sens, désir de quotidien réenchanté et d’une vie plus simple, voire plus frugale (l’objectif ultime). Ceux qui ont vécu l’après-guerre du Golf se souviennent que les mêmes analyses étaient alors déjà avancées, sans qu’elles se soient véritablement concrétisées… C’était il y a trente ans. Les crises se suivent sans se ressembler (politiques, économiques, financières, écologiques, sociales, sanitaires…), mais l’idée d’un grand soir, d’un grand changement ou d’un « monde d’après » demeure toujours aussi forte… Sans doute parce que se dire qu’un autre modèle est au bout du tunnel permet d’en oublier la longueur.

Cet été, le billet du lundi part se confiner au grand air. Il vous souhaite de belles vacances et vous retrouve le 7 septembre.
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