26 septembre 2022

Mamie friendly

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En France, on est fier de son patrimoine et on aime (peut être encore plus) l’idée de le défendre contre les assauts de la modernité. C’était quand même mieux avant, non ? Comment s’étonner alors que l’on ait un penchant naturel pour l’évocation de sa grand-mère ? Celle dont on aime dire qu’on lui doit tout. Et souvent, bien plus qu’à ses parents

La grand-mère symbolique, on la connaît bien, car les marques ont vite compris les avantages qu’elles pouvaient en tirer. Mamie Nova, Bonne Maman et les grand-mères de Tipiak habitent dans les placards de toutes les familles. Avec les restaurateurs, la grand-mère s’est mise à errer sur tous les menus. Pâté de grand-mère par ici, riz au lait et clafoutis par là, quand ce n’étaient pas les lasagnes de la Mamma, histoire de faire couleur locale. Il leur arrivait même de se retrouver dans la cuisine en chair et en os…

Mais c’est finalement dans le monde merveilleux de la mode que la grand-mère est la plus présente puisque les créateurs, de Jean Paul Gaultier à Jacquemus, n’hésitent jamais à évoquer la leur comme leur muse. Depuis peu, la tendance grand-mère connaît un coup d’accélérateur comme en témoignent la multiplication des mannequins aux cheveux gris ou l’émotion planétaire suscitée par le décès de la reine Elisabeth, désormais considérée comme une icône.

Certains y verront un antidote à un monde hyper technologique et connecté ou encore le signe d’une envie de repartir du passé pour trouver des solutions concrètes et durables, en renouant avec des matières et des formes d’hier. D’autres, une énième conséquence du confinement, intarissable source d’explications. Bloqués chez eux, les jeunes stylistes ont dû reprendre contact avec leurs familles et se débrouiller avec ce qu’ils avaient sous la main. Deux ans plus tard, nombre de leurs propositions sont « mamie frendly » : tricot, crochet, point de croix, fichu, blouse, culotte, tablier, jupe longue…

Si l’on peut comprendre que les parents ne sont pas des modèles pour la génération actuelle (des affreux Boomers qui ont profité de tout), on ne peut s’empêcher de noter que seules les grand-mères sont évoquées et jamais les grand-pères. Ceuxi-ci pourraient pourtant nourrir d’autres ambitions que de rester dans un fauteuil à distribuer des bonbons Werther’s Original aux petits enfants. Le papy power est encore devant nous.

Contre toute attente, les grands-mères ne sont pas solubles dans la modernité. Mieux, elles pourraient être à l’origine d’une néo-modernité. Et si le monde d’après était derrière nous ?
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