15 mars 2021

Rétro-viseur

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Il fut un temps où imaginer le futur, c’était imaginer des formes futuristes comme si une apparence différente suffisait pour nous faire oublier ce que nous connaissons. Cela n’est plus nécessaire. Au contraire. Inventer demain peut aussi consister à revisiter hier. Ceux qui s’imaginaient se déplacer à bord de soucoupes volantes en l’an 2000 ne se sont-ils pas retrouvés sur une trottinette ?

Il y a peu, Renault organisait une grand-messe pour présenter ses concept-cars porteurs de sa vision du futur automobile. Le moment était baptisé « Renaulution », signe de son ambition, mais le plus révolutionnaire fut sans aucun doute d’y découvrir une réinterprétation de l’iconique Renault 5. Parions que dans dix ans, ce sera au tour de la 4 CV de se voir propulser dans la machine à avancer dans le temps. Pour les moins de trente ans, rappelons que la Renault 5 fut l’un des plus grands succès de la firme au losange, sortie en 1972 et vendue à plus de 5 millions d’exemplaires jusqu’à sa disparition en 1984.

Il y a deux ans, Peugeot présentait un concept-car très inspiré de son légendaire cabriolet 504 qui hanta lui aussi les années 70. Il y a peu, c’était son nouveau logo, assez proche de celui qui ornait les calandres de ses 404 en 1960 qui était dévoilé. Soulignons que le nouveau patron de Renault vient de chez Fiat où il a contribué au revival de la Fiat 500. « L’âme d’un constructeur est dans ses racines » déclare-t-il aujourd’hui à la presse. En effet.

Certes, la néo-Renault 5 est forcément électrique car nous sommes en 2021. Mais pour le reste, la silhouette est immédiatement identifiable avec, en plus, deux petites affèteries révélatrices de notre époque : des drapeaux français sur ses rétroviseurs (cocorico) et des logos avant et arrière qui s’illuminent (le design émotionnel). Tous les ingénieurs automobiles sont capables de dessiner des voitures aux lignes futuristes. S’ils ne le font pas, il faut se demander pourquoi.

Il souffle en ce moment un vent vintage dans les esprits et sur tous les marchés. Comme un besoin de se rassurer en période de crise sanitaire. Comme une manière de dire stop aux innovations épuisantes par l’énergie qu’elles nous demandent pour nous adapter. Comme une envie de se souvenir d’une époque plus légère. La nostalgie n’est décidément plus ce qu’elle était. Elle est en train de devenir une condition du futur.

Dans l’alimentaire, on a déjà vu des packagings rétro revenir sur les rayons le temps d’une série limiée, les marques de mode sont toutes tentées de rééditer leurs modèles phares… Quel marché peut prétendre échapper à la rétromania ?
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